Il y en a qui ont la chance d’habiter à Rochefort-sur-Mer. C’est-à-dire autour de la place Colbert, près de la Corderie Royale ou sur le port de plaisance… Moi, pas de pot, j’habite à Rochefort-sous-Mer. C’est-à-dire au cœur du quartier « Chante Alouette » le mal-nommé, une zone dite « submersible » depuis que l’Etat en a décidé ainsi, où les maisons sont quasi-invendables. Et s’il n’y avait que cela… Car j’habite également à Rochefort-sur-Merde. C’est-à-dire dans une rue parallèle au boulevard Pouzet, artère de près d’un kilomètre qui jouxte un terrain militaire plus ou moins abandonné par l’Etat (encore lui), avec ses casernes grises, désertes et envahies par les herbes folles. Déjà que ce boulevard n’était pas gai, il a fallu qu’en 2014 il perde tous ses platanes et devienne carrément laid. Avec des trottoirs défoncés, des nids-de-poule, des ornières, des chausse-trapes et des fissures (lesquelles doivent s’agrandir chaque été sous l’effet des vibrations infra-graves du Stéréoparc Festival) qui transforment la promenade - ou plutôt le déplacement à pied car on n’a guère envie de s’y promener - en un parcours d’obstacles à se tordre les chevilles. Bien fait pour les petits vieux, ils n’ont qu’à déménager ! Bref, les habitants de Chante-Alouette n’ont vraiment pas envie de chanter, mais plutôt de hurler. Moi, je suis comme Monsieur le Maire, je préfèrerais vivre au-dessus du niveau de la merde. Hélas, je fais partie des laissés-pour-compte de Rochefort-sous-Mer.
… Rochefort-sous-Mer
Mercredi, 3 Avril 2019